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Dans les régimes constitutionnels capitalistes les élections périodiques servent aux classes dominantes à choisir le groupe qui gouvernera pour elles, à sélectionner et rénover le personnel politique dirigeant et à mesurer la température politique, c'est-à-dire, le niveau de conscience, d’organisation et d’implication des secteurs populaires. Compte tenu du contrôle du capitalisme par l’intermédiaire de ses différents moyens – moyens de communication, grandes écoles, universités, hiérarchie ecclésiastique conservatrice, justice – ces élections dites « démocratiques » sont imparfaites depuis leur origine même, parce qu’elles mettent les secteurs populaires dans une position d'infériorité.
Si malgré cela depuis la fin du XIXe siècle les travailleurs se sont battus pour le vote universel ou pour des élections libres c’est parce qu'ils essaient de toujours de se battre sur le terrain même de l’ennemi, dans des conditions défavorables, grignoter centimètre par centimètre les conditions de domination et d’exploitation capitalistes, résister et se défendre par tous les moyens. 
Cependant, même s’ils gagent les élections, comme çà a été le cas du Parti communiste Italien, qui malgré plus de 33% des votes en 1976, s’est effondré en peu de temps, ou comme dans le cas de Syriza en Grèce aujourd'hui, avoir un plus grand poids dans les institutions capitalistes ne change pas l'équilibre des forces entre les classes ni ne réduit la puissance des financiers, banquiers, propriétaires fonciers, hommes d’affaires monopolistes, sociétés transnationales et forces répressives. Les baromètres que sont les élections ne modifient pas la situation du malade, ils peuvent tout au plus l'encourager ou le décourager. Les énormes désastres causés par le capitalisme ne disparaissent qu’avec la création d’un autre pouvoir et un autre type de relations sociales.
Pour les pauvres, discriminés, exploités et opprimés, participer ou non aux élections organisées par le capitalisme,  quel que soit l’endroit où ils vivent est seulement une question de tactique.
Au Venezuela, face à la moitié de la population dirigée par une droite golpiste, les élections doivent servir à éduquer et séparer du front réactionnaire avec des arguments fraternels, ceux qui sont simplement conservateurs ou ignorants pour les isoler des fascistes et des agents de l'étranger. Dans d’autres pays où existe une certaine légalité et où les secteurs anti capitalistes set progressistes sont minoritaires – comme en Argentine, Paraguay, Pérou, ou dans les pays du sud de l'Europe – Les élections devraient être utilisées pour éduquer et organiser, démontrer la possibilité d’une alternative au capitalisme, pour une contre-culture. S’ils obtiennent un poids électoral,  il doit être utilisé comme une tribune, le moyen d’organiser,  de soutenir les luttes sociales et de proposer des lois favorables à la majorité.
La voie électorale ne conduit pas au pouvoir et encore moins à la possibilité de construire un pouvoir populaire à partir des institutions capitalistes. C'est pourquoi, par exemple, la voie électorale choisie par le « Frente de Izquierda y de los Trabajadores FIT » en Argentine, est une erreur.  Son électoralisme lui permet d’obtenir quelques voix et députés cependant c’est insuffisant pour faire face au fait que la grande majorité de la population vote pour les partis de la droite réactionnaire et accepte comme naturelle l’idéologie capitaliste. 
Une élection dans la quelle la gauche n’explique pas ce qui se passe au niveau international, les répercutions dans le pays, le lien entre les luttes locales et la résistance anti impérialiste ailleurs sur le continent, la nécessité et la possibilité de rompre les liens de dépendance et d’exploitation en construisant une force alternative anti capitaliste, sera toujours un échec. Cette cécité sectaire se réjouit d’une augmentation de son pourcentage propre, alors que plus de 90 % du pays et l’immense majorité des salariés votent pour les diverses factions des droites capitalistes.
Dans les régions comme l’Etat de Mexico ou il n’y a pas d’Etat de droit et où la dictature du capital est chaque fois plus féroce et sanglante, les élections servent à reconstruire l’oligarchie et à donner une apparence de légalité à la clique qui va diriger illégitimement et illégalement ce semblant d’Etat. Si dans certains autres Etats de la République, comme celui du Guerrero, il est possible d'imposer le boycott contre cette manœuvre,  annuler les élections permet de démontrer l'isolement du régime et que participer à la farce électorale équivaut à soutenir ceux qui dans le gouvernement et au nom du pouvoir capitaliste, détruisent les fondements mêmes de l'entité nationale.
Si, dans les autres États en revanche le regroupement des forces n'aboutit pas au boycott, l’abstention pourrait se transformer en militantisme pour des assemblées, des grèves partielles, des manifestations, c'est-à-dire, développer la prise de conscience de la nécessité de construire des organismes de démocratie directe, comme les polices communautaires, les groupes d’autodéfense contre les narco trafiquants, contre la violence de l’Etat, et pour des gouvernement autonomes  à partir d’assemblées révocatoires y compris celles des mandats. 
L’objectif principal, en période d’élections, qui devra faire l’objet d’une consultation populaire, est de changer l’organisation du pouvoir des classes dominantes, d’éduquer les secteurs populaires à l’alternative, montrer que cela est possible, l’organiser, lui donner corps au plan local ou régional, frapper la conscience des travailleurs et des opprimés des autres régions moins organisées du pays et, y compris, aider ceux qui aux Etats Unis même  -  modèle des patrons et du gouvernement mexicain – pour qu’ils ne se soulèvent pas seulement contre telle ou telle injustice mais contre l’Etat et son régime raciste, comme à Baltimore.
mai 2015