Le résultat de la Conférence internationale de 2015 pour le changement climatique, a été quasiment salué dans le monde par les politiciens et la presse comme un triomphe de la collaboration internationale qui va permettre à l'humanité de répondre à la catastrophe écologique.

Le New York Times a parlé d’une « percée historique ». Le Britannique, le Guardian, a déclaré qu’elle avait démontré « à quel point la voie diplomatique pouvait être déterminante, en faisant bouger les lignes inflexibles des souverainetés. »

Le président Obama a salué l'accord « un accord durable qui réduit la pollution carbone global et définit le monde pour un parcours vers un avenir faible en carbone ». Il termina en disant « Il a démontré que le monde peut avoir à la fois la volonté et la capacité à relever ce défi. »

Tout examen de l'accord, cependant, montre clairement qu'il est sans fondement. Le Pacte n’est constitué que de la promesse générale des gouvernements qui s'efforceront de limiter l’« augmentation de la température moyenne mondiale en deçà de 2° C au-dessus des niveaux pré industriels » et d'atteindre une baisse « globale du pic des émissions de gaz à effet de serre, dès que possible ».

Il n'y a aucune mesure spécifique obligatoire pour les pays qui ratifient l'entente en dehors d'un appel général à être « ambitieux » et à mener des politiques « en vue d'atteindre les objectifs du présent accord. » Il n'y a aucune cible spécifique, ni aucun mécanisme d'application d’une Loi, signifiant aux pays signataires du traité qu’ils ne peuvent faire ce qu'ils veulent.

James Hansen, un météorologue réputé, a caractérisé l'affaire de « fraude » et de « faux » déclarant « Ce sont juste des mots inutiles. Il n'y a aucune action, si ce n’est quelques promesses».
Même si, par miracle, tous les signataires font leur part pour atteindre l'objectif énoncé, les températures mondiales augmenteraient encore d’environ 2 degrés à la fin du siècle, un niveau qu’Hansen certifie de « très dangereux ». Il produirait une hausse du niveau de la mer de plusieurs mètres, ce qui pourrait inonder bon nombre des grandes métropoles du monde et conduire à « des centaines de millions de réfugiés climatiques. »
Parmi les nombreux éloges vantant le Pacte climatique, celui du Président Français François Hollande était la plus ridicule. Hollande a déclaré :
« Le 12 décembre 2015 restera une grande date pour la planète. À Paris, il y a eu plusieurs révolutions au cours des siècles. Aujourd'hui c'est la plus belle et la plus pacifique des révolutions qui vient d’être accomplie - une révolution pour le changement climatique. »
En réalité, ce qui prévaut parmi les principaux signataires de l'accord sur le climat, ce n'est pas une « révolution pacifique », mais une contre-révolution violente, que Lénine décrivait comme la marque distinctive de l'impérialisme : la « Réaction sur toute la ligne. ».
En fait c’est l'incapacité à faire concrètement face à l'énorme danger posé par le changement climatique et aussi à une faillite d'ordre économique et social qui ne peut que précipiter l'humanité vers la catastrophe.
Le sommet sur le climat s'est déroulé dans des conditions de « siège » suite à l'instauration de l'état d'urgence répondant aux attentats terroristes à Paris près de deux mois auparavant. Des militants écologiques y ont été placés en résidence surveillée et obligés de porter des bracelets à la cheville, qui contrôlent et limitent leurs déplacements, et ils ont été jugés bien que reconnus non coupables d'aucun crime. Des manifestants pacifiques ont été embarqués dans la rue par des policiers en civil, et des flics anti-émeute convergeaient sur des groupes de manifestants, les attaquaient avec des bombes au poivre et des matraques.
Dans le cadre de mesures contre les attentats, la vraie réponse c’est la guerre et répression interne mises en place par les classes dirigeantes de toutes les puissances impérialistes qui viennent alimenter ainsi les poussées nationalistes et la Réaction. Les puissances européennes ont répondu à l'afflux de personnes cherchant refuge contre les guerres sectaires initiées par les Etats-Unis et l'OTAN au Moyen-Orient, par le renforcement de leurs frontières, la construction de camps de rétention et la préparation d’expulsions en masse, légitimant ainsi les partis d'extrême-droite.
En marge de la Conférence, entre photos et appels à la paix internationale et à la collaboration, les dirigeants des puissances impérialistes ont fait des plans pour l’intervention en Syrie.
L'accord sur le climat a été annoncé au lendemain de la décision de la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis, d'intensifier la guerre par procuration en Syrie, guerre qui a déjà déplacé la moitié la population du pays et tué des centaines de milliers de personnes.
Au fur et à mesure du déroulement du sommet sur le climat, les Etats-Unis et ses alliés occidentaux ont continué à mener des provocations contre la Russie et y compris prévu un accord pour accepter le Monténégro dans l'OTAN. La Pologne a même demandé que l'OTAN entrepose des armes nucléaires sur son territoire après la destruction en vol d'un avion russe par la Turquie, membre de l'OTAN, le mois dernier.
Cet accord vient aussi un mois après que les États-Unis aient mené un exercice de «liberté de navigation » au cours duquel ils envoyèrent un destroyer lance-missiles à 12 milles des territoires revendiqués par la Chine, menaçant une confrontation militaire à grande échelle dans le Pacifique.
Dans ces conditions d’un nationalisme belliqueux entre les classes dirigeantes du monde, l'idée qu'un Pacte international pour la paix et le progrès pourrait être négocié par l'ONU est absurde à première vue. L'ONU, cet instrument de la politique impérialiste, est elle même maintenant systématiquement contournée par les principaux pouvoirs qui lancent les guerres et les invasions, hors de tout mandat de l'ONU.
L'incapacité de la société capitaliste à réaliser des progrès pour éviter la catastrophe écologique est l’expression même de ses contradictions qui font qu'il lui est impossible de traiter l'une des principales crises à laquelle doit faire face l'humanité, sans oublier la guerre, la crise des réfugiés, la pauvreté et les inégalités. L'ordre mondial capitaliste repose sur des États-nations concurrents et vise essentiellement à faciliter l'enrichissement de l'oligarchie financière qui domine dans chaque pays.
Il existe des moyens techniques pour arrêter et inverser le changement climatique. Or le problème n'est pas que technologique, mais social et politique. Les vastes ressources gaspillées pour l’enrichissement personnel des oligarques milliardaires globalisés et pour l’armement et la violence militaire, doivent être expropriées et utilisées pour répondre aux besoins sociaux. Une lutte contre le changement climatique dépend de la rationalité d’une planification scientifique à l'échelle internationale.
Il faut mettre un terme à la subordination des besoins sociaux au profit privé et à la division du monde entre États-nations rivaux.
Cela signifie le renversement de l'ordre social actuel et son remplacement par une société socialiste. Seule la classe ouvrière, accomplissant une révolution socialiste véritablement internationale, sera capable d'accomplir cette tâche historique, dont dépend l'existence future de la civilisation humaine.
Global research, 16 décembre 2015