La guerre en Ukraine divise les Européens plus qu’elle les réunit. L’engagement illimité et acritique de leurs dirigeants aux côtés de l’Ukraine et de « l’ami américain », va peser lourdement sur l’avenir de ce nouvel imperium militaro-politique qui s’annonce : « la nouvelle Europe ». C’est désormais certain, l’UE, vieille ou nouvelle, est officiellement tombée dans l’escarcelle de l’OTAN et de Washington.

Cette « nouvelle Europe » a été soufflée par Biden à Zelensky qui s’en est fait aussitôt le chantre. La « nouvelle Europe » a pour principe de s’opposer à cette « vieille Europe » chère à De Villepin alors Ministre des Affaires étrangères qui refusa d’engager la France dans la guerre américaine contre l’Irak (discours à l’ONU en 2001). Les Yankees ne l’ont jamais digéré et depuis la France est devenue à leurs yeux une « alliée peu sure » qu’il faut neutraliser, une vieille catin prête à pactiser avec l’ennemi principal : la Russie (avant que la Chine ne vienne s’y ajouter).

Qu’importe, la Maison Blanche a de nouveaux alliés, moins sourcilleux sur les principes de Paix, totalement dévoués et plutôt revanchards contre la Russie dans laquelle ils ne voient – sans nuances – qu’un retour à l’Urss et au stalinisme : les « ex-pays de l’Est » qui ont adhéré sous impulsion étatsunienne à l’Otan et à l’UE en 2004 : Pologne, Tchéquie, Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Lettonie, Lituanie, l’Estonie, après l’effondrement de l’Urss en 1991et avoir subis une suite de gouvernements à la politique incertaine.

La « vieille Europe » de la Paix, et la Russie…

La vieille Europe pensait avoir établi la Paix pour longtemps, une paix arrachée à l’Allemagne nazie, grâce aux Anglais, Américains mais aussi aux Soviétiques avec leurs plus de 25 millions de morts (soldats et civils). Elle s’est reconstruite au cours des années des « 30 glorieuses » avec la fin des guerres coloniales, une économie intégrée avec l’euro et aussi plusieurs crises économiques et financières plus ou moins surmontées.

Cette reconstruction s’est faite dans le cadre de luttes sociales importantes menées par les syndicats liés à de puissants partis communistes, surtout en Italie et en France. A la différence du puissant PCI, premier parti communiste d’Europe qui n’a jamais gouverné, en France, le Général de Gaulle a intégré 5 communistes dans son gouvernement en 1945 pour leur participation à la Résistance à partir de 1940, après le pacte germano-soviétique de non-agression signé entre Hitler et Staline en 1939. La résistance communiste s’est développée surtout dès lors que l’Allemagne nazie envahit la Russie en 1941. Le programme du Conseil national de la résistance (CNR) de 1944 témoigne de la participation active des communistes.

C’est sans doute là que se trouve le fond de l’amitié des Européens de l’Ouest avec l’Urss et donc la Russie : à l’époque, « communisme » voulait dire : « lutte de classe et progrès social » jusqu’aux déchirements provoqués ensuite par la révélation de Khrouchtchev en 1956 sur les « crimes de Staline », la fin de l’« avenir radieux »et la descente aux enfers des Partis communistes européens !

Aujourd’hui la « vieille Europe » de l’Ouest se trouve confrontée à de profondes divergences sur la question des relations internationales, du rapport aux Etats-Unis et à la Russie, au monde en général et la guerre en Ukraine en particulier qui renverse la donne et ses projets.

Bruxelles, capitale du « tout pour la guerre »

L’UE avait de grands projets. Elle voulait, par exemple, devenir une puissance économique et militaire mondiale indépendante à égalité avec les Etats Unis, la Chine et la Russie. Les Français et les Allemands envisageaient de créer une armée européenne, ce vieux projet porté par la France qui avait fini par convaincre Merkel de l’utilité d’ « une souveraineté stratégique ».

Les nouveaux entrants de l’Est ne l’entendirent pas ainsi, les Polonais en tête en se plaçant tout de suite sous le parapluie de l’Otan et du Pentagone. Aujourd’hui l’Allemagne elle-même succombe aux charmes des avions de combat F 35 américains capables de transporter de l’armement nucléaire tout en consacrant 100 milliards de dollars au renouvellement de son armée. Une Allemagne remilitarisée ? Qui s’en inquiète ? Pourtant que de mauvais souvenirs !

La France de Macron – a essayé quelques gestes d’indépendance verbale  -: « il faut garder une relation avec Poutine », « abandonner les liens étroits avec les Etats Unis », « redéfinir un dialogue avec la Chine » et « trouver une nouvelle formule pour l’UE élargie » - est tout de suite elle fut vilipendée par les Américains, sous les applaudissements des « ex-pays de l’Est », le regard sévère de Zelensky, et contrainte de rejoindre les rangs, neutralisée. A quoi sert alors son armement nucléaire s’il ne lui assure pas son indépendance militaire ? Même si elle en propose le partage à l’Allemagne qui refuse de se mettre sous dépendance française ?

Macron fait comme les autres Européens et annonce un budget militaire total de 400 milliards d’euros sur 7 ans jusqu’en 2030, entre autres pour continuer à fournir des munitions à l’Ukraine ! Après le « ça nous coute un pognon de dingue » en parlant de la politique sociale, et « l’allongement du départ à la retraite à 64 ans contre 62 ans » pour une économie de 12 milliards, Macron n’a aucun scrupule à nous faire un budget du « tout pour la guerre » !

Bien sûr ce sont les USA qui donnent le tempo : la production d’armes a triplé aux USA avec un budget militaire de 813 milliards (2022). C’est de loin le plus gros budget du monde (Chine 225 milliards, Russie 61 milliards). Mais c’est la Russie qui est dangereuse ! L’UE s’affranchit de la Paix, et accélère la production européenne de munitions, faisant ainsi de Bruxelles la capitale de l’« économie de guerre ».

Bref, les gouvernants européens cèdent en majorité aux va t’en guerre et refusent de consulter leurs peuples sur la participation ou non à cette guerre. La solidarité transatlantique, la fidélité à l’Otan deviennent un horizon indépassable qui s’est imposé à toute l’UE. Exit le rêve d’une autonomie même relative !

L’Otan, et les fractures de l’UE.

Les « nouveaux européens » dits de l’ « Est » se distinguent par une histoire récente toute autre. Si à l’Ouest l’intervention soviétique est saluée comme la libération de l’occupation nazie, en « Europe de l’Est » la situation est appréciée différemment.  

Après avoir été envahis par l’Allemagne nazie, en général accueillie en libératrice du joug russe, la plupart de ces pays comme les pays Baltes ou l’Ukraine, ont collaboré et participé activement sans nuances à la tuerie contre les Juifs (surtout l’Ukraine par « la shoah par balles ») et à la traque des Résistants communistes ou nationalistes. L’Ukraine pour sa part, grâce au collaborateur Bandera – toujours fêté en héros - s’est vue concéder par Hitler une république éphémère en 1941, asse vite réassujettie à la domination nazie. (Le premier épisode républicain libre de l’Ukraine se situe entre 1917 à 1920 grâce au concours de la révolution bolchévique)

Quoiqu’il en soit, dans ces pays, l’arrivée des Soviétiques n’a pas été perçue comme une libération, mais comme une occupation.

A la conférence de Yalta (février 1945) eut lieu le partage du monde de l’après-guerre entre Churchill, Roosevelt et Staline, qui octroient à ce dernier les territoires que ses troupes avaient gagné contre la Wehrmacht. C’est le début de la « guerre froide » qui dura jusqu’à l’effondrement de l’Urss en 1991 et se poursuivit avec les « Révolutions de couleurs »..

Très rapidement des révoltes ouvrières s’organisent contre le système soviétique stalinien : RDA en 1953, Hongrie (la révolution des Conseils) en 1956, Poznan en Pologne 1956, et en 1968 à Prague qui est envahie pour son évolution vers « un socialisme à un visage humain » du PC Tchèque avec Dubcek.

Alors oui, il en résulte dans l’UE une grande différence d’appréciation du conflit en Ukraine, qui s’explique par l’histoire. De là aussi un certain esprit de revanche dans la majorité de ces pays (sauf l’Allemagne réunifiée et la Hongrie) qui rêvent 80 ans plus tard de régler leurs comptes avec le stalinisme et la Russie et qui n’ont pas fait, malgré leur adhésion à l’UE, le deuil de cette histoire, au contraire, stimulés qu’ils sont par le soutien belliciste des Américains, de la Grande Bretagne et irréfléchi des gouvernements de l’UE.

C’est pour marquer leur différence qu’ils se sont ou ont maintenu leur regroupement dans l’UE.

Le groupe de Visegrad. A la chute de l’URSS en 1991, 3 pays de « l’Est » fondèrent le groupe de « Visegrad » (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie). Ils intègrent en tant que tel l’Otan et l’UE en 1999, les Américains les ayant fait patienter car ils craignaient alors la réaction des Russes.

S’ensuivit le groupe des 9 de Bucarest. C’est-à-dire le groupe de « Visegrad », plus la Bulgarie, l’Estonie, La Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie, créé en 2014 à l’initiative de la Pologne et de la Roumanie pour « soutenir des projets de sécurité conjoints », c’est-à-dire méfiants sur la capacité de l’UE à les protéger et donc acquis à une Otan plus sure. Ce groupe est moins connu du public européen, mais il joue un rôle très important dans un jeu de relations directes entre ces pays, l’Otan et les USA, par-dessus la tête de l’UE. Exemple, dans une déclaration de l’Otan en Mai 2021, à Bruxelles :

« Le sommet de l'OTAN, qui se tiendra le mois prochain, nous offre une occasion tout à fait unique d’écrire un nouveau chapitre des relations transatlantiques en vue de renforcer l’unité entre l’Europe et l’Amérique du Nord et de préparer l’Alliance pour les défis d’aujourd’hui et de demain », a déclaré M. Stoltenberg. « Dans un monde devenu plus imprévisible et marqué par la concurrence, nous devons faire plus ensemble et démontrer la solidarité transatlantique dans les faits, et pas seulement dans les paroles. C’est pourquoi le programme du sommet sera ambitieux et tourné vers l’avenir. Il s’agira de renforcer notre engagement à nous défendre mutuellement, d’élargir notre conception de la sécurité et d’adopter une perspective plus globale, afin de préserver l’ordre international fondé sur des règles. La réunion d’aujourd’hui est importante, car elle offre l’occasion d’avancer sur cette voie. ».

Cette politique de l’Otan s’est confirmée par la suite dans des réunions qui voient Biden siéger et participer à ces discussions, hors la présence en tant que telle de l’UE, sur un territoire européen et sous le seul drapeau de l’Otan et des Etats Unis, comme lors de la réunion des chefs d’Etat major de la défense militaire de l‘Otan, toujours en 2023.

Exit, la « Vieille Europe » ! Elle peut continuer à donner de l’argent pour le développement de ces pays sortis de la zone d’influence russe et les soutenir militairement en augmentant leur budget pour la défense, au détriment de leur dépenses sociales. Mais pour le reste : Vive l’Otan, c’est-à-dire : Vive les Usa ! Et ce malgré un certain désamour provoqué par l’administration Trump, celui-ci ayant eu l’incomparable capacité à brouiller le discours étasunien et de prendre des décisions pour le moins inattendues !

 

La « Nouvelle Europe » et le rêve américain : l’axe « Pologne/Ukraine/Allemagne »

La Pologne surnommée le « 51ème Etat des Usa » s’impose comme le chef de file d’une dissidence politique vis à vis des Institutions européennes et d’un soutien tous azimuts à l’Ukraine. La Hongrie, tout aussi dissidente, au contraire, ne veut pas rompre avec la Russie au motif de la livraison du gaz russe qui est indispensable à son économie. Elle subit les sanctions de l’UE.

C’est notoire, Varsovie traite directement avec l’oncle Sam. Les sanctions prévues à son encontre pour son non-respect de certaines règles de l’UE se sont évaporées, l’UE n’en parle plus !

Rappelez-vous, que très rapidement, après son adhésion à l’UE, la Pologne a pris la décision d’acheter du matériel militaire américain le préférant à un armement européen, avec l’argent reçu de l’UE. Elle persiste pour consacrer plus récemment 10 milliards de dollars sur 3 ans à sa défense !

Varsovie, et son gouvernement très à droite, laisse entendre aux Français (un peu moins aux Anglais) et qu’ils l’ont « abandonnée » entre les mains d’Hitler en signant avec lui les accords de Munich en 1938, qui s’est ensuite emparé de la Pologne.

Par contre Varsovie a tout à fait remisé dans un coin de sa mémoire défaillante le soutien de l’Europe y compris de la gauche extra parlementaire à Solidarnosc lors de la grève du chantier naval de Gdansk en 1980. Cette révolte a marqué le début du déclin de l’Urss, qui n’a pas envoyé ses armées contre les conjurés polonais et le syndicat libre Solidarnosc. Walesa, le héros des chantiers (l’homme du pape Jean Paul II, Polonais lui aussi), a déclaré abruptement en Juillet 2020 : « la Russie doit être démembrée en plusieurs entités. ». Qu’en pensera la Russie ?

La Pologne ne dit pas aussi qu’elle rêve de retrouver les fastes de la période où elle était liée historiquement au royaume de Lituanie et à l’Ukraine, de la Baltique à la mer Noire, malgré le massacre de la population polonaise par les Ukrainiens, à Volhynie. Entre 1943 et 1945, les nationalistes de l’armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) ont massacré plus de 100 000 personnes issues de la minorité polonaise de la Volhynie. Des nationalistes polonais ont alors abattu quelque 20 000 Ukrainiens en représailles (Wikipedia).

Mais quand ses intérêts sont en jeu, la Pologne su affronter Zelensky, qui n’a pas apprécié. L’UE de Von der Leyen a autorisé l’Ukraine, quelque peu désorganisée par la guerre, à livrer ses céréales dans l’UE. C’était prévisible, les revenus des paysans producteurs Polonais, Roumains et Bulgares se sont subitement effondrés Ils se sont révoltés et ont obtenus pour la Pologne une loi interdisant les importations de céréales ukrainiennes, et de l’UE une indemnisation spéciale. Un exemple du « n’importe quoi » de l’UE et qui inaugure des problèmes représentés par l’entrée de l’Ukraine dans l’UE.

L’Ukraine, fer de lance de la politique américains en Europe. Les Ukrainiens disputent aux Polonais le fait d’être un relai indispensable à la politique anti-européenne de Washington. L’Ukraine se veut : « la plus grande armée de l’Europe ». Les Cosaques gardaient les frontières de la chrétienté contre l’envahisseur asiatique ; ils poursuivent leur mission cette fois-ci contre la « barbarie russe », des slaves et parents proches.

Qui de la Russie ou de l’Ukraine a commencé la guerre ? L’Ukraine, pour mater en 2014 la rébellion des Russo-ukrainiens du Donbass et perd alors la Crimée reprise par Poutine ? Les Russes qui envahissent l’Ukraine en février 2022 ? La question ne se pose plus en « Occident » : Biden a ordonné le soutien inconditionnel et total à l’Ukraine. La guerre ukrainienne n’est donc possible qu’avec le soutien des armes et des milliards de l’ « Occident », sans cela l’Ukraine aurait perdu en quelques jours !

Un an et demi après, la Russie bombarde l’Ukraine et l’Ukraine bombarde la Russie, certes d’une manière moindre, mais elle passe ainsi du « mantra » de guerre « défensive » sur son territoire à une guerre « offensive » sur le territoire Russe. La haine prend le pas et lui fait dire qu’il faut : « tuer Poutine et tous ceux qui ont un quelconque rôle dans la guerre ». Ses extrêmes fascistes, affirment tout simplement conquérir la Russie et la briser définitivement. La Russie n’est pas seule et elle a les moyens de se défendre.

L’Allemagne, bien qu’en récession pour avoir perdu l’énergie peu chère du gaz russe, tourne actuellement la page de ses rapports amicaux et économiques avec la Russie instaurés par Schröder et maintenus - avec une certaine distance - par Merkel qui venant de l’ex-RDA avait une connaissance parfaite de l’histoire de la Russie, des dirigeants du Kremlin et de la langue russe. Aujourd’hui : Fin de la coopération avec la Russie. Le dernier gouvernement, SPD, Verts et Libéraux, s’affiche pour le développement d’une armée moderne oubliant son vœu initial du « plus jamais ça » après l’épisode Hitlérien et la guerre de 1939/45.

Le fer de lance de cette politique agressive c’est la ministre des Affaires étrangères écolo, Annalena Baerbock, une Walkyrie mortifère qui réinstaure, en fait, la politique décidée il y a une trentaine d’années par Joschka Fisher, Vert lui-aussi, (ex fondateur du « combat révolutionnaire » en 1969 avec Daniel Cohn Bendit l’ex-gauchiste franco-allemand, reconverti à « la démocratie du marché unique » ), qui appela la jeunesse allemande « à rompre avec le pacifisme » pour soutenir la guerre de l’Otan dans les Balkans (1991/2001) et celle en Afghanistan contre la présence de l’armée Russe appelée en soutien par un gouvernement communiste mal élu.

La boucle est bouclée, nous assistons à la fin de l’Allemagne « démilitarisée » qui s’éloigne à grand pas du pacifisme de la fondation européenne (traité de Paris en 1951) pour retrouver influence et prestige sur son ancien « Hinterland », celui d’avant la deuxième guerre mondiale et sa diaspora Allemande à l’Est..

N’en déplaise aux europhiles et germanophiles énamourés, l’Allemagne n’a jamais oublié de défendre d’abord ses intérêts, faisant souvent cavalier seul.

Les soutiens à la guerre de l’Ukraine sont multiples.

Tout d’abord, il ne faut pas croire les Américains quand ils déclarent : « Nous ne soutenons pas les attaques sur le territoire russe avec notre armement » (mais avec celui de l’UE, oui ?), ni les mimiques pseudo-rassurantes des dirigeants de l’UE : « Nous ne sommes pas des cobelligérants ». Hypocrisie et mensonges vont de pair : tous participent activement à la guerre, sans l’accord de leurs citoyens ou avec ou avec leur silence.

Les USA ont trouvé dans l’erreur magistrale de l’invasion de l’Ukraine par Poutine la faille qui leur offrait enfin la possibilité inouïe d’ « affaiblir la Russie », qu’ils convoitaient depuis 1945. Bien entendu, pour le profit de leur complexe militaro industriel qui recycle son armement plus ou moins démodé par la rapidité de l’évolution technologique, le revend à l’Ukraine, et à les mains libres pour construire la nouvelle génération d’armes létales dédiées à la guerre à venir Usa/Chine.

Les Britanniques : « God save the kingdom » (Que Dieu sauve le royaume !)

Ce grand retournement de l’UE vers la guerre est dû à l’activité de l’Angleterre qui veut masquer les échecs du Brexit et leur faillite économique et sociale.

Bien qu’ayant quitté l’UE, l’Angleterre joue un rôle clé dans cette transformation : « L’année dernière, peu après le début de la guerre, le Premier ministre de l’époque, Boris Johnson, s’est précipité à Kiev – probablement sur les instructions de Washington – apparemment averti des pourparlers de paix naissants avec Moscou. À peu près au même moment, l’administration Biden a clairement indiqué qu’elle favorisait une escalade des combats, et non une fin de celle-ci, comme une occasion d'« affaiblir » la Russie. Depuis lors, le Royaume-Uni a été à l’avant-garde des efforts européens pour enraciner le conflit, aidant à faire pression pour la fourniture d’armes, de formation et de renseignements militaires aux forces ukrainiennes. » (Braveneweurope.com, par Cook Jonathan,24 mai 2023).

Elle a livré des obus de chars enrichis à l’uranium, ce qui est en principe interdit, et va envoyer des avions à Zelensky. Ce qui était interdit, là aussi, mais autorisé depuis par Biden. Less but not least (enfin et pas des moindres) : « Le 19 mai, le Financial Times a cité le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, dans sa déclaration prévenant que l’Occident pourrait faire face à la menace d’une guerre à grande échelle avec la Russie et la Chine d’ici la fin de la décennie et qui en concluait que la préparation de la défense était une tâche primordiale pour les pays occidentaux. » (Site, histoire et société.com, par Christopher Black, 26 mai 2023)

La Grande Bretagne militant pour la guerre s’est activement positionnée contre l’UE. Prenant le large, elle s’est investie dans la renaissance d’un ensemble strictement « anglo-saxon » (Australie, Grande Bretagne, Usa) qui n’est pas seulement culturel, cornemuses et whisky, mais dangereux avec « Aukus », (pacte pour une « défense » militaire contre la Chine (2021). Les tam-tams de guerre se font entendre.

L’UE, de Mme Von der Leyen, au mépris de la consultation des peuples européens, et tous les dirigeants de l’UE, des pays du Sud y compris récemment le Portugal, aux pays du Nord, et les « frères de l’Est », etc., tous ceux qui veulent tous participer à la curie.

La France avec un Président qui dit tout et son contraire. Macron 1 : veut la Paix, discuter avec Poutine et défendre le droit de la Russie « à la sécurité de son territoire », tout en participant à l’envoi d’armes, de matériels de guerre lourds, quelques milliards et aux sanctions votées par l’UE et comme «il ne « s’interdit rien » peut-être bientôt des avions de chasse. Macron II : ressert aux USA à toute occasion une volonté d’indépendance toute gaullienne qui ferait rire, si la situation n’était pas aussi dramatique, surtout quand il se lance dans une tournée en Afrique pour dire « La Russie veut vous asservir et prendre vos richesses ». Qu’était donc l’empire colonial Français pour les Africains et les Maghrébins ? La Russie reste une amie qui a soutenu les mouvements d’indépendance dans leurs luttes contre les colonisateurs, a formé leurs élites et leurs armées de libération. Voilà comment il faut comprendre le refus de ceux-ci à sanctionner et condamner la Russie !

Macron III : continue de virevolter et déclare à Bratislava ces jours-ci, qu’il lâche le soutien à « la sécurité de l’espace Russe » - une vieille revendication des Russes depuis 1991, question adressée aux Américains, face au développement de l’installation de l’Otan et des bases Américaines à toutes leurs frontières, et dernièrement sans réponse de la part de Biden et Blinken, qui préparaient la guerre de « l’Ukraine ».

Mais le pire pour la France, c’est ce vote de l’assemblée nationale du 28 mars 2023 (166 voix contre 2) qui reconnait, à la demande de l’Ukraine, en dehors de toute vérité historique et toujours en discussion chez les historiens : la « politique génocidaire » des Russes contre les Ukrainiens, dite de l’ « Holodomor », une famine des années 1930/1932, provoquée par la désorganisation brutale de la production agricole liée à la politique de collectivisation à marche forcée des terres et des récoltes des paysans de l’Urss dans le cadre plus large d’un plan d’industrialisation de Staline.

Il y a quand même quelques « ratées » dans ce bel enthousiasme militariste : l’Italie. C’est tout à fait logique avec l’article 11 de la Constitution Italienne, un exemple quasi unique, qui très clairement « répudie la guerre comme instrument d’offense à la liberté des autres peuples et comme moyen de résolution des controverses internationales ».

Cette déclaration humaniste est souvent mise en cause par des forces politiques plus ou moins liées aux intérêts de l’Otan et des Usa. L’Italie compte près de 120 bases de diverse importance, officiellement déclarées par l’Otan et l’armée américaine (navales, aviations, etc.), dont certaines plus ou moins secrètes sont des silos d’armes nucléaires. Cet art 11 est souvent bousculé par les uns ou les autres, sous influence de « l’ami américain », qui veulent le supprimer, mais il reste inscrit dans la Constitution car le peuple italien le veut, et il lutte régulièrement pour la fermeture de ces bases. (Où sont les bases de l'OTAN en Italie et les arsenaux nucléaires, par Fabiana Bianchi, mardi 1er mars/2022, Napolike.it)

C’est ainsi que Draghi (ex dirigeant de la BCE), en tant que Président du Conseil à l’époque, a présenté assez rapidement en mai 2022 un plan « pour la Paix », rejeté du bout des lèvres par Zelensky. « Il nous faut plutôt des armes ».

Aujourd’hui, « la Meloni », nouvelle Président du Conseil, « ex-néo-fasciste » qui a tété du lait de Mussolini dans son enfance, embrasse le Président ukrainien, et n’est absolument pas gênée par le fait qu’il ait incorporé des néo-fascistes dans son armée (Azov, Svoboda, etc.) présentés comme le pendant légitime au groupe Wagner. Toutefois, et malheureusement pour elle, ses deux « alter ego » de l’alliance de gouvernement, Berlusconi, mi maffieux, et Salvini, le séparatiste de la « Padania » (Italie du Nord), maintiennent une « amitié » indéfectible à leur « copain », Poutine, et persistent à le dire. Un attelage qui tire à hue et à dia mais tempère le bellicisme de la Président du Conseil !

Et enfin, il ne faut pas oublier en Italie, le rôle du Vatican et du le Pape François, lui-même, l’Argentin qui connait les dégâts qu’a pu causer la politique de la Maison Blanche sur son continent et se dit « travailler pour un nouveau projet de paix » ! Honneur à l’Italie qui sait toujours nous surprendre !

Que font les gauches européennes ?

La chute de l’Urss, a précipité la chute des Partis communistes et à mis fin à leur influence en Europe de l‘Ouest comme de l’Est. Et surtout par l’absence d’une auto-critique sur leur fidélité à Moscou qui les a amenés à une sclérose d’analyses alors que le monde autour d’eux suivait un autre cours.

Libérés de la concurrence des communistes, les « partis socialistes », « sociaux-démocrates » et leurs diverses mues « socialisme démocratique », « socialisme libéral » etc.., selon leurs renoncements à l’affrontement avec le Capital, et leur choix pour la « réforme » et le « marché libéral unique » sont arrivés au pouvoir dans plusieurs pays de l’UE. En 2002, treize des quinze États membres de l’Union européenne étaient gouvernés par la gauche alors qu’en 2007, dans une Union élargie à 27 pays, ils n’étaient plus que six. Cette domination du réformisme en Europe n’est pas passagère puisqu’en 2009 il remporte les élections européennes (notamment dans les six plus grands États membres, à savoir la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, la Pologne et l’Espagne), tandis que des partis populistes effectuent une percée aux Pays-Bas, en Suède et en Hongrie » (Quel avenir pour la social-démocratie en Europe ? par Stuart Bell, fondation de l’innovation politique, décembre 2011.

A leur tour ces clones du conformisme politique de la sociale démocratie qui participent sans remords à la remise en cause des acquis des luttes sociales historiques, sont souvent remplacés à leur tour par des Droites plus libérales alliées le plus en plus souvent à des « droites radicales », ou « extrêmes » et bien décidées à museler les peuples.

Le règne de l’autocratie s’élargit. Il suffit de se référer à la politique de Macron en France et aux grèves contre la retraite à 64 ans avec plus de 3 millions de Français dans les rues, des violences policières récurrentes depuis les Gilets Jaunes, et un Président qui fait passer sa loi à coup de 49/3 procédure légale – mais pas démocratique - qui permet « l’adoption » de lois anti-sociales sans que le Parlement puisse s’exprimer !

Des gauches et des extrêmes-gauches divisées face à l’Otan.

Les partis sociaux-démocrates et travaillistes ne discutent pas leur engagement.   Ils sont en faveur de l’aide militaire et financière à l’Ukraine et pour les sanctions contre la Russie. Cette renonciation à être des Partis « pour la Paix » trouve ses racines dans la première guerre mondiale avec l’assassinat de Jaurès en 1914 qui refusait que les prolétaires se fassent la guerre pour le seul bénéfice de leur bourgeoisie. Ils sont actuellement au gouvernement en Belgique, au Danemark, en Allemagne, en Norvège, au Portugal, en Roumanie, en Slovénie et en Espagne. Ils sont renforcés dans leurs choix par des alliances avec les Verts avec lesquels plus proches que jamais de « la démocratie » à la mode de l’Otan (cf. l’Allemagne). Décidemment les démocraties européennes sont bien fragiles !

Quant à la plus grande partie des partis de la gauche radicale regroupés dans le groupe politique VGL-GUE au parlement de l’UE ils sont fermement en faveur de l’aide militaire à l’Ukraine, des sanctions contre la Russie et l’accord avec l’Otan. « L’internationalisme prolétarien » revêt l’uniforme militaire de « l’US Armed Forces ». Tous modulent leur choix en fonction de leur rapport avec l’Histoire de leurs pays, avec le communisme, l’impérialisme américain, l’anti­colonialisme etc.

Quelques-uns refusent totalement cette guerre. C’est une position minoritaire que l’on retrouve surtout chez les Partis communistes qui sont encore actifs dans l’UE : Grèce, Portugal, Espagne, France. Ils ne sont plus inféodés à Moscou, car Poutine n’est pas un communiste, mais ils ont gardé un sens du réel des rapports de force entre les objectifs de la bourgeoisie internationale et les intérêts du prolétariat. Ce qui semble ne plus être le cas des « ex-gauchistes » de la génération 1968.

Par ailleurs, dans les pays du Nord de l’UE, les divers groupes politiques radicaux se partagent entre la critique de l’Otan et le retrait (Norvège et Suède), ou le soutien à l’adhésion à l’Otan. Souvent leur position a changé avec l’invasion russe (Finlande, Danemark). Certains s’expriment pour la « construction d’une alliance défensive nordique » mais signent pour l’engagement financier et militaire de leur pays (le parti socialiste de gauche de Norvège).

En Espagne, Podemos ne s’est pas opposé aux sanctions contre les élites russes, mais il s’est opposé à l’aide militaire à l’Ukraine et est très critique à l’égard de l’OTAN. Cependant, Yolanda Diaz, ministre la plus populaire du pays et dirigeante de la nouvelle plate-forme électorale de gauche Sumar (Unissez-vous) a préféré l’envoi d’une aide militaire à l’Ukraine, tout comme la maire de Barcelone, Ada Colau, de Barcelona en Comu (Barcelone en commun).

Die Linke en Allemagne n’échappe pas à des divergences avec son aile la plus à gauche. Die Linke a été fondé en 2007 par la fusion d’éléments dissidents du Parti social-démocrate (SPD) basés principalement en Allemagne de l’Ouest et successeur du parti au pouvoir de l’ancienne Allemagne de l’Est. En tant que tel, il a des racines à la fois dans la social-démocratie et le communisme. Il reçoit l’essentiel de son soutien électoral des régions orientales du pays, en particulier parmi les retraités âgés, et relativement peu de l’ancienne Allemagne de l’Ouest.

« Lors du congrès du parti de l’année dernière, Die Linke a condamné l’invasion russe et a exprimé sa solidarité avec le peuple ukrainien, et a appelé à des sanctions contre les élites russes. Dans le même temps, il s’est opposé à l’aide militaire à l’Ukraine, une position qui est liée à une opposition plus large au réarmement allemand et à l’augmentation des dépenses militaires. Cela ne signifie pas, cependant, que le parti parle d’une seule voix. Comme beaucoup d’autres choses dans Die Linke, il y a beaucoup de conflits entre les partisans de la députée controversée Sahra Wagenknecht, qui a appelé à la fin des sanctions et de l’aide militaire et à la reprise des importations de gaz russe, et ses critiques internes. Les luttes intestines ont affaibli le parti en démoralisant les partisans et en aliénant d’autres personnes qui pourraient autrement être attirées par lui. » (Que dit la gauche européenne de la guerre en Ukraine ? Par Chris Masano, socialist forum.)

Il est quand même remarquable que la pétition pour la Paix présentée par Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer (féministe et journaliste) a recueilli à ce jour plus de 900 000 signatures, qui viennent contredire l’ardeur guerrière de Baerbock ministre des affaires étrangères et Verte ! Le gouvernement Schulz est de plus en plus contesté sur ses choix pour la guerre.

En ce qui concerne l’Italie : « la gauche » issue du PCI (qui a fait dans les années 1970, plus de 33% aux élections) et ses mutations successives, dont la dernière celle du Parti Démocrate a été laminée par les « partis populistes » de la Lega et des 5 Etoiles. Sinistra Italiana (Gauche italienne), Unione Populare qui comprend un rassemblement de petits groupes (comme la Nupes) : Potere al Popolo (Pouvoir au peuple), proche de la FI, et Rifondazione Comunista (Refondation communiste) sont également opposés à l’aide militaire à l’Ukraine et aux sanctions contre la Russie, et très critique à l’égard de l’Otan qui campe sur le territoire italien. (cf. plus haut).

En Angleterre, le courant dominant du Parti travailliste britannique est fortement en faveur de l’aide militaire à l’Ukraine et des sanctions contre la Russie. Par contre Jeremy Corbyn, est fermement opposé à l’aide militaire à l’Ukraine et aux sanctions contre la Russie.

En France, la Nupes, la FI et « l’extrême gauche » restent bloquées sur la question sociale des retraites et laisse Macron fanfaronner dangereusement à sa guise.

L’extrême gauche, c’est-à-dire essentiellement les Trotskystes de toutes obédiences qui ont connu des jours brillants dans les années 1970, se la jouent « muette », sans appel aux masses, ni pétitions, ni manifestations contre la guerre, mais des colloques en soutien à quelques individus de l’ « opposition interne ukrainienne », ils ne s’affichent pas nettement contre la guerre. 

« C’est une guerre impérialisme de l’Amérique contre Impérialisme de la Russie ». Au passage ils nient la question nationale portée l’Ukraine. Le « nationalisme » c’est vilain pour les autres, mais pas pour l’Ukraine ! Et de ne jurer que par la livraison d’armes à l’Ukraine et ainsi pour l’extension de la guerre à tous les pays de l’Otan. Or cette politique de soumission à l’Otan, n’est pas non plus nouvelle.

Comme en Allemagne lorsque les Verts avaient soutenu l’intervention de l’Otan dans les Balkans, les Trotskystes de la 4ème Internationale avaient applaudi aux feux de l’Otan sur la Serbie qui refusait l’autonomie du Kosovo, et se battait contre les sbires de l’UCka armés par les Américains et se déclaraient : « pour le droit à l’autodétermination des peuples ».

Ils s’engagent donc pour l’ « autodétermination » de l’Ukraine, un pays libre depuis 1991, qui a connu plusieurs gouvernements plus ou moins autonome de la Russie. Par contre, ils ne se sont jamais levés pour « l’autodétermination » et le respect de la langue russe, partagée entre Ukrainiens et cette population Russe présente historiquement depuis plusieurs générations dans le Donbass et discriminée par les nationalistes Ukrainiens « pur race » depuis 2004.

Ils ne se sont pas levés non plus contre le massacre d’Odessa en 2014 (bien documenté sur Wikipedia) où une soixantaine de Russes ont péri par les flammes, réfugies dans la Maison du Peuple, lors d’un accrochage fratricide entre Russes d’Ukraine et Ukrainiens nationalistes ! Un massacre occulté qui permet à Zelensky de se présenter à l’admiration des masses dans l’habit d’un ange vengeur et pur de toute vilaine intention. Le « Bien », contre le « Mal » une dichotomie toute simpliste qui lui a été enseignée par l’Oncle Sam !

Ils refusent tout idée de « campisme » à grand renfort d’extraits de textes de Trotsky et autres, arrachés de leur contexte historique

D’autres, comme « les autogestionnaires » du groupe autour des Editions Syllepse - qui se sont rebaptisés pour l’occasion « Brigades édiitoriales de solidarité » (sic) - considèrent que la Russie est un Etat fasciste, et ils analysent la téncité côté ukrainien comme « l’auto-organisation de la société civile ukrainienne, les syndicats, les groupes femmes, les LGTQA+… ». C’est-à-dire des opposants à la politique libérale de Zelensky. La « Victoire ukrainienne », y est vue comme un possible « déclenchement d’un Printemps des Peuples » et un « combat pour la transformation sociale ». C’est pourquoi ils veulent des armes, toujours plus d’armes, jusqu’à la victoire.

Avoir des contacts et encourager cette « opposition », si tant est qu’elle soit représentative, c’est un acte solidaire. Mais « Opposition » ou pas, elle est d’abord incorporée d’office dans la guerre de Zelensky, sous l’uniforme militaire ou pas. Et on peut constater avec expérience que le « soldat sous l’uniforme tu restes un prolétaire », n’a jamais vraiment fonctionné dans les guerres précédentes. Par ailleurs pourquoi soutenir la seule opposition ukrainienne, quid de l’opposition russe à Poutine ?

Il reste que la meilleure solution pour aider les Ukrainiens à retrouver au plus vite leur pays libre, ne réside pas dans l’accentuation de la politique de l’Otan et des Usa, mais dans une bataille totale pour imposer une Paix « juste et durable ».

Conclusion

Les peuples de « la vieille Europe de l’Ouest » ne veulent pas d’une guerre avec la Russie, sauf des têtes brulées qui confondent Russie et Urss, Poutine et Staline, Poutine et Hitler, les années 2000 et les années 1939/1945. En général ils veulent conserver des relations de bon voisinage avec la Russie. Ils redoutent un embrasement dangereux qui pourrait aboutir à l’emploi du nucléaire, au gel nucléaire d’une grande partie du territoire de l’Europe. Alors que la puissance belligérante « Number one », les Etats Unis, serait protégée par des milliers de Km d’océan, loin de la zone de conflit !

Avec cette guerre nous assistons à la fin de l’Union européenne telle qu’elle avait été pensée à la fin de la deuxième guerre mondiale. Remplacer la guerre par la Paix, l’amitié, la culture et renoncer à la concurrence entre les Nations. Les dirigeants de l’UE creusent sa tombe en soutenant sans réserve la guerre nationaliste des Ukrainiens. Cette guerre stupide qui pouvait se résoudre avant toute action militaire, par la diplomatie.

Mais le piège américain a ferré un Poutine sûr de lui et de sa force militaire et qui a pris un très mauvais choix ! Il pouvait être averti sur ce piège américain décrit à la fin des années 1990 par Zbigniew Brzezinski dans son livre « Le Grand échiquier, l’Amérique et le reste du monde » (Editions Bayard 1997, réédité depuis :

« Ainsi tout observateur attentif de l’ex Urss constate-t-il qu’il s’est formé avec l’encouragement de Etats Unis un axe Tatchken, Bakou, Tbilissi, Kiev, réduisant l’influence de la Russie à sa périphérie. La partie qui se joue dans le pourtour de la Russie n’est plus l’endiguement mais le refoulement auquel aspirait sans y parvenir Foster Dulles *» (* Foster Dulles secrétaire d’Etat des Etats Unis du Président Einsenhower, 1953/1959).

Autre « chronique d’une mort annoncée », si la guerre ne met pas fin à l’UE, celle de son élargissement à tous les pays qui le demanderont. C’est-à-dire une UE sans limites géographiques, culturelles. Non plus de « Brest à l’Oural » mais de « Brest à Vladivostok ». Et d’intégrer les Balkans, la Moldavie, la Géorgie, pourquoi pas l’Azerbaïdjan à qui elle achète du pétrole et du gaz, et la Turquie, etc.. Sans la Russie ? Ou une Russie démantelée par les armées de l’Otan pour s’emparer des richesses de la Russie ? C’est de que souhaitent les Ukrainiens (et les Polonais) !

Les élections européennes de 2024 pourront-elles changer cela ?

Il semble que non, car dans tous les pays ce sont les droites ou simili radicales qui ont remporté les élections. Par contre les abstentions seront certainement encore plus nombreuses, la politique guerrière ayant été décidée sans l’avis des peuples. Seule une campagne la plus large pour « une Paix durable » peut changer l’Histoire. Les guerres sont mortelles pour les prolétaires. Ils n’ont rien à y gagner mais tout à perdre ! Ils ont tout intérêt à se faire entendre et s’investir contre cette guerre qui peut se transformer à tout moment, par accident, ou calcul, en une apocalypse nucléaire.

Nous sommes arrivés à une période Historique ou nous avons tous les moyens de trouver des solutions aux problèmes de notre planète : écologiques, sociaux ; de nouveaux matériaux à des médicaments de plus en plus efficaces etc.. Devrions-nous accepter ce recul à un âge barbare tout cela simplement pour un conflit qui peut se résoudre diplomatiquement par un accord entre les seuls deux belligérants, sous le contrôle des Nations Unies ?

« C’est pourquoi nous avons besoin d’un nouveau programme de transition (si ce n’est la 5e Internationale que mon ami Samir Amin appelait de ses vœux), pour décrire comment nous allons passer de l’état actuel des choses à une société différente au niveau national, régional et mondial : une société exprimant les intérêts historiques communs les plus profonds des peuples de l’Est, de l’Ouest et du Sud. Un tel programme devrait inclure la revendication de liberté et de démocratie – qui ne doit pas être identifiée à la forme dégénérée du parlementarisme oligarchique occidental –, la composante sociale et la lutte contre les inégalités à l’intérieur et entre les nations. Il est temps d’introduire, parallèlement aux mécanismes du marché, une énorme dose de mécanismes de planification, aux niveaux national, régional et international, ainsi qu’une énorme dose de mécanismes de participation des producteurs de richesse matérielle et intellectuelle et de contrôle par les consommateurs de produits et services matériels (citoyens). Nous devons revenir à l’idée de Keynes selon laquelle non seulement les déficits permanents, mais aussi les excédents permanents ne peuvent être acceptés. Il est temps de rappeler que la Fédération soviétique était aussi une union de solidarité et de transferts économiques des pays les plus riches vers les pays les plus pauvres, ce que l’égoïsme destructeur des Allemands et des Européens du Nord ne peut accepter pour l’UE - qui, pour cette raison, n’est pas et ne peut pas devenir une véritable Union. Et tout ce qui précède doit être lié à la demande écologique, parce que si les gens ne survivent pas, il n’y aura pas de but dans la politique et pas de politique. » (Site web : Defenddemocracy.press, discours de Dimitris Konstantakopoulos lors de la conférence en ligne : « multipolarité : la nécessité d’un contenu positif » du 29 avril 2023).1