Nous pouvons - dans les grandes lignes - affirmer que 2015 a été une année désastreuse et prédire que 2016 sera encore pire.

Aux Etats-Unis, pays déterminant pour le cours des choses, le choix présidentiel n’est rien de moins qu'entre Hillary Clinton femme de guerre et de bombardements, et Donald Trump, l’homme facho des cavernes qui dispose d’un soutien massif.

En Europe, François Hollande, arrivé au pouvoir en promettant le droit de vote aux étrangers, veut retirer la nationalité française aux enfants nés en France, mais qui ont une double nationalité – et considérés comme suspects par la police - ce qui ainsi, soit dit en passant, réintroduit le principe tribal du privilège des liens du sang en créant deux catégories de Français. Tout ça pour enlever des votes au front national lepéniste en adoptant ses positions au détriment de la démocratie et de l'unité de son parti.

Dans le même temps, la crise des réfugiés s’abat sur l'Union européenne qui remet en cause la libre circulation des personnes (et non celle des marchandises) et légalise par la suite le racisme et la répression.

Les illusions sur Alexis Tsipras, en Europe et en Amérique latine, échouent sur l’ignominieuse capitulation devant la troïka avec pour résultat la rupture dans Syriza ; sur le projet d'étendre le champ de la souveraineté et de la démocratie sans toucher au capitalisme, comme le voulait à son époque le parti communiste italien (qui a disparu), et comme le veulent Syriza (qui est brisé et a coulé sur le plan politique), Podemos en Espagne, et le Bloc de gauche au Portugal, et qui sont aujourd'hui présents dans les gouvernements.

Il est possible que Podemos – à l’approche de nouvelles élections inévitables – prenne assez de voix au parti travailliste socialiste espagnol, non pour gouverner, mais pour mettre en place le régime le plus ingouvernable que l’Espagne ait jamais connu depuis le postfranquiste de la Moncloa.

En Extrême Orient (qui pour nous, est à l'Ouest par notre situation géographique), le Japon s'est lancé dans un réarmement à grande échelle contre la Chine, et celle-ci pratique de même, malgré des difficultés économiques croissantes, et elle vient juste d’affréter un porte-avions moderne. Les provocations militaires américaines dans la mer de Chine sont quotidiennes.

Au Moyen-Orient, la barbarie annexionniste israélienne sur la Palestine ne cesse d’augmenter. La dictature d'Erdogan en Turquie réprime encore plus les Kurdes et exploite le pillage du pétrole syrien et irakien par l’intermédiaire de l’Etat islamique, qu’il arme et protège. Les États-Unis d'Amérique et leurs alliés ont décidé de participer à une coalition (tout en niant le fait) avec le gouvernement de Bachir Al-Assad parce que les troupes de l'Irak, de l'Iran et du Hezbollah avancent et occupent le terrain après les frappes aériennes russes, au lieu de fuir devant les interventions aériennes. Ils commencent à gagner la guerre, qui apparaîtra comme une claire victoire de Moscou.

En Amérique latine la défaite écrasante du gouvernement de Nicolás Maduro au Venezuela, malgré ses promesses de victoire ; la danse du gouvernement de Dilma Rousseff et de Lula sur une corde raide au Brésil, comme la sortie de scène du kirchnerisme qui était censé triompher au premier tour de l'élection présidentielle, placent Cuba dans une situation très embarrassante ainsi que les pays de l' « Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique » (Alba), qui dépendent principalement entre autre du pétrole vénézuélien.

Les gouvernements bolivien et de l'Equateur, à la suite de la crise mondiale et de cette crise politique aiguë du soi-disant progressisme latino-américain, ont modifié leur cours, changé leur caractère et ils commencent à trouver des résistances - surtout en Equateur - dans les secteurs opprimés qui au départ étaient leurs principaux soutiens.

Contrairement à ce que dit Maduro, le prix du pétrole n’est pas fixé par les États-Unis pour des raisons politiques, mais il dépend de la Loi de l’offre et de la demande. Contrairement à ce que dit le Kirchnerisme, il n’a pas été vaincu par une droite, plus moderne et plus dure, mais pour une toute autre raison, ses méthodes brutales, une main de fer dans un gant de velours.

Contrairement à ce qu'écrivent les chantres et les défenseurs (sincères ou achetés) des gouvernements progressistes, la défaite de ceux-ci n’est pas due au fait qu’ils étaient de gauche, mais parce qu’ils l’ont été très peu ou très superficiellement et dans le cadre d’une grande corruption ; c’est pour cela qu’ils ont été majoritairement rejetés par les masse populaires (et pas seulement pas les secteurs des classes moyennes réactionnaires).

Les difficultés économiques s'intensifient, le prix des matières premières diminue - l'économie mondiale n’en ayant pas l’utilité – certes, mais les processus sociaux qui ont fait apparaître ces leaders progressistes, n'ont pas disparu, et alors que l’hypothèse de l’infaillibilité des dirigeants a été mise en cause, ils auront tendance à s'exprimer plus librement et plus vigoureusement.
Rien ne dépend d’un destin aveugle. Tout dépend de notre organisation, notre conscience, notre union et notre mobilisation, et non pas de dirigeants qui refusent de tirer les leçons du passé.

Il est possible d’arrêter la répression, l'avancée de mesures fascistes, la préparation d'une guerre mondiale ou l'écocide qui se terminera avec des conditions de vie minimales pour les mammifères de toutes sortes, parmi lesquelles l’Homme.

Je ne parlerais pas aujourd’hui du Mexique : quand on pense qu'il a touché le fond il trouve toujours une nouvelle façon d’accélérer et d’aggraver l'effondrement national et de rendre le pays plus invivable pour les travailleurs et les démocrates. Pour donner un échantillon des aberrations juridiques et de l'absence de garanties, il y a des cas comme ceux du commandant militaire de l'AUC Oiinala, de Guerrero, de Nestora Salgado et du docteur Félix Hoyo, éminent professeur de Chapingo et de l’Université Autónome de la Metropole –Xochimilco qui a été accusé d'avoir tué sa femme dont il a pris soin pendant 35 ans. Dans un Etat de droit et un pays civilisé, ils seraient libres. –

Mexico
Janvier 2016